Palmarès 2017

8 Nov

 

LAURÉAT DU PRIX VIRILO 2017 :

 

Le jury décerne le Prix Virilo 2017 à

Écume

de Patrick K. Dewdney (La Manufacture de Livres – Territori)

Le jury salue cette œuvre qui raconte un père et son fils, marins-pêcheurs. Comme il y a moins de poissons, parfois, ils font passer des migrants vers l’Angleterre. Le livre de Dewdney ne se contente pas d’arraisonner deux réalités urgentes, il le fait dans un style humide, formidable et glaçant qui vous rappellera que la littérature sait désarçonner un lecteur avec force tout en le gardant dans ses filets avec grâce.

 

 

LAURÉAT DU PRIX « TROP VIRILO » 2017 :

 

La rentrée littéraire manque parfois de talent mais jamais de testostérone. Pour récompenser cette giclure excessive, le Prix Trop Virilo a dû départager en finale Éric Reinhardt, candidat pourtant très sérieux, et le gagnant

 

Alexandre Jardin, pour

Ma mère avait raison (Grasset) et l’ensemble de son fil Twitter

 

On ne sait plus quoi saluer : l’œuvre ou son dépassement intertextuel sur les réseaux. C’est un livre, doublé de jaillissements par salves de 140 signes, triplé d’une sorte de harcèlement littéraire de rue, le tout maquillé en un appel à vivre « le vivant de la vie ».

 

Quel homme

Quel homme (bis)

 

C’est sur cette double récompense que Le Virilo et le Femina clôturent avec soulagement la rentrée littéraire, qui fut encore le consternant spectacle d’un art en train de s’étouffer dans sa propre mollesse. Heureusement quelques auteur.e.s relèvent le gant. Ils étaient 5 en finale :

Le cénotaphe de Newton de Dominique Pagnier (Gallimard)
La Toile de Sandra Lucbert (Gallimard)
Un certain M. Piekielny de François-Henri Désérable (Gallimard)
Écume de Patrick K. Dewdney (La Manufacture des Livres)
Fief de David Lopez (Seuil)

Bravo à elle, bravo à eux.

 

QUELQUES ACCESSITS 2017 :

 

Le Virilo ne serait rien sans ses nombreux accessits. En voici quelques-uns.

– L’accessit du gon le plus court revient à L’ordre du jour, d’Éric Vuillard, pour son acceptable nouvelle de 150 pages étroites (enfin un Goncourt qui sera lu en entier).

– L’accessit du fétichisme que l’on ne connaissait pas revient à Éric Reinhardt pour La chambre des époux et le désir du narrateur pour les femmes chauves sous chimio.

– L’accessit Matt Damon du mec nominé partout qui ne gagnera rien revient à F.H. Désérable, pour Un certain M. Piekielny

– il remporte aussi l’accessit de la blague moyenne répétée plusieurs fois dans un même livre (à savoir « Je me suis réveillé à l’aube, il était midi »)

– L’accessit de la mise en abyme qui finit dans le trou revient à Jean-Philippe Toussaint pour Made In China, un livre qui retrace les tournages en Chine par Jean-Philippe Toussaint des adaptations des livres autobiographiques de Jean-Philippe Toussaint. Vertige.

– L’accessit du Goncourt de circonstance revient à Leïla Slimani pour Simone Veil, mon héroïne (et pour sa nomination)

– L’accessit « On a les combats qu’on peut à Saint Germain des Prés » revient au consternant Une apparition, de Sophie Fontanel. Laquelle raconte son combat pour assumer ses cheveux gris.

– L’accessit Fumer tue (et notamment le style) revient au très vide Taba-Taba, de Patrick Deville

– L’accessit de l’auteur qui veut vraiment te faire comprendre qu’il est cultivé mais n’y arrive pas revient à Simon Liberati et ses Rameaux Noirs

– L’accessit « Paradise Papers » de l’éternelle révélation revient à Innocence, d’Éva Ionesco

– Le Prix « Pilon » de la Forêt qui Pleure récompensant le ratio qualité littéraire / (tirage + barouf médiatique) revient à Un Amour d’espion, de Clément Benech, qui ne méritait pas tout ce foin.

– Sur une note un peu plus historique, l’accessit « Camp de la Petite Mort » revient à Yves Flank, pour Transport, un ouvrage qui tente de faire coïncider déportation et rêveries érotiques.

– L’accessit de l’auteur de BD qu’on aime bien mais de l’auteur de roman qu’on n’aime pas est remis à Vous connaissez peut-être, de Joan Sfar

– Et enfin, l’accessit de la scène d’amour la moins reproductible (et on a essayé) revient à Olivier Chantraine, pour la scène dite « de la photocopieuse trieuse » dans son roman Un élément perturbateur. Un (trop court) extrait : « Cette photocopieuse dégage une chaleur infernale qui ne risque pas de calmer mon désir de faire l’amour avec elle sans attendre une seconde de plus »

 

Nous nous tenons à votre disposition pour défendre nos choix et papoter littérature. Vous êtes les bienvenus à la soirée officielle, au Grand Bréguet (Paris XI), grosso modo vers 20h20 ce jour.

Depuis 9 ans, le jury mixte du prix Virilo reste fidèle à ses principes : il porte la moustache, chaque membre est tenu de « voter en homme » et le seul commerce entretenu avec les maisons d’édition est l’obligation d’acheter les livres.
Les enfants s’y plieront désormais puisque sera remis pour la deuxième année, peu avant les fêtes, le Virilo des Maternelles, en réponse au Goncourt des Lycéens.

Laisser un commentaire