Gallimard, « L’Arpenteur », 180 pages
Lu par Philippe
Je est un autre, en tout cas on l’espère pour lui…
Voilà ce que l’on est tenté de penser à propos de l’auteur la dernière page lue. Son héros est un jeune homme en classe de terminale, vivant dans une province floue et semi-urbaine, au sein d’une famille bourgeoise… Et il file un mauvais coton ce p’tit merdeux : Défonce à l’alcool, cercles néo-nazis, cauchemar obsessionnel prennent vie par la plume subjective, efficace et parfois ornée de l’auteur.
Entre l’Eros et (surtout) le Thanatos d’une fin de lycée, Malige peint avec talent les dernières illusions romantiques violées, la douleur lorsque les repères disparaissent, l’ennui et la médiocrité desquelles on ne peut s’extirper, bref, l’adolescence.
(Alors vous allez me dire « Dis donc, t’as passé une drôle d’adolescence »…)
Le Las Vegas Parano de Châteauroux
Le livre est réussi à bien des égards : Il aborde des thèmes riches sous-traités dans la rentrée littéraire (la bourgeoisie de province et son adolescence, les engagements mous…), il anime la petite frappe de héros avec brio et empathie, mais il surprend surtout par le malaise constant et oppressant qui suinte des pages. Voilà le vrai tour de force.
Vous avez un temps pensé que Cure avait tout pompé à Indochine ? Vous allez peut-être adorer ce livre. L’auteur nous offre là une sorte de Las Vegas Parano français, mais en plus malsain.
« Jamais, jamais d’un coup deux lièvres » Joey Starr
Hélas, le résultat reste vain, car l’auteur court trop de lièvres à la fois, emberlificote le coeur du roman d’un suspens maladroit car bâclé. Les dernières pages partent en sucette et pourraient donner un nouveau sens au livre si elles n’étaient balancées en deux chapitres rapides. C’est rare de dire cela, mais il manque à ce livre 100 pages.
NB : Enfin marquera-t-on au stylo 4 couleurs, et dans son agenda, la magnifique exergue de Desnos en première ligne du roman, tout en réfléchissant au problème que pose les trop bonnes citations : «Ils ne se forment aucune idée du mal lui-même, cette énorme aspiration du vide, du néant. Car si notre espèce doit périr, elle périra de dégoût, d’ennui.» C’est bien là le programme de vos 180 prochaines pages.
Je viens de le commencer… et retombe donc sur votre excellent blog. Une précision: l’exergue que vous citez est de Bernanos…
A quand le Prix Virilo 2014? Les moustaches frémissent-elles déjà?
Oui.